martes, abril 11, 2006

Conseil de Paris Février 2006 - Intervention

Conseil de Paris Février 2006 - Intervention
Lutte contre le bruit : sauvons les pavés et les cafés concerts !
Intervention de Charlotte Nenner

Lors du conseil de Paris de février 2006, était soumis le plan de lutte contre le bruit, présenté par Yves Contassot, adjoint au Maire chargé de l’environnement.

Les Verts ont proposé 4 amendements pour améliorer ce plan de lutte contre le bruit, qui constitue une vraie nuisance pour les Parisiens. Ces amendements visaient à la réduction de la vitesse de circulation, au bruit sans les bois parisiens, à la sauvegarde des pavés et au traitement du bruit généré par les gares.
La plupart de ces amendements a été adopté.
Ci-dessous l’intervention de Charlotte Nenner, sur le thème des pavés et sur les cafés concert.

Intervention au Conseil de Paris :
Le plan de lutte contre le bruit vise à diminuer les nuisances sonores de manière générale et les nuisances liées à la circulation en particulier.
Dans les mesures préconisées pour diminuer le bruit routier, le choix de revêtement de chaussée moins bruyant fait partie des actions envisagées. En effet, il est possible, par cette mesure technique, d’améliorer sensiblement la situation de certaines voies parisiennes particulièrement exposées au bruit routier. Je pense en particulier aux Champs Elysée : avec les pavés sur la chaussée et avec une circulation digne d’une autoroute urbaine, il est étonnant que les touristes et promeneurs ne soient pas déjà devenus sourds...

Il est vrai que les pavés ont toujours eu deux grands défauts : le premier le bruit, le deuxième son inconfort (sauf pour les accros du Paris Roubaix).

Mais les pavés font aussi partie du patrimoine parisien. Ils font partie de l’histoire des rues de Paris, apparaissant dés le moyen âge, si ce n’est avant. Ils ont marqué la mémoire collective par leur présence dans les rues mais aussi sur les barricades, pendant la commune ou pendant mai 68. Certains habitants sont tellement attachés aux pavés, qu’ils en viennent même à organiser des manifestations quand on menace de les recouvrir.

De même, les pavés peuvent contribuer à diminuer la vitesse, ce qui a aussi un fort impact cette fois-ci très positif, sur le bruit. Une voiture qui roule au pas sur des pavés fait beaucoup moins de bruit que celle qui accélère sur une voirie bien lisse.

Or le plan bruit tel qu’il est rédigé prévoit la suppression et le recouvrement systématique des pavés, à la seule exception des zones où les contraintes architecturales et historiques s’imposent. Cela signifie la fin des pavés dans bon nombre de rues parisiennes.

Nous vous proposons donc de ne pas être aussi systématique dans le recouvrement des pavés, en particulier pour les petites rues, où la circulation est faible ou la vitesse est limitée à 30 km/h. Chaque aménagement de rue ferait donc l’objet de choix de revêtement au cas par cas, en fonction des données locales.

C’est l’objet de l’amendement, qui maintient la possibilité de conserver des pavés sur la chaussée de rues situées dans des zones 30 ou dans des rues peu circulées et peu bruyantes, tout en veillant au respect du schéma directeur d’accessibilité.

Sous les pavés, la plage... Alors en attendant Paris plage, gardons nos pavés !

Je souhaitais également intervenir sur un tout autre sujet, abordé dans le cadre du plan bruit : les lieux d’animation culturels.

Les cafés concerts et autres bars musicaux participent grandement à la vie des quartiers et contribuent à leur manière au rayonnement de Paris. Il ne faudrait pas, au nom de la légitime lutte contre les nuisances sonores, considérer les cafés concerts comme une cible.

Trop souvent les cafés qui osent avoir une programmation musicale, sortant de leur simple rôle de limonadier, se voient harcelés et parfois contraints à la fermeture pour nuisances sonores. Or, on sait que les principaux problèmes proviennent plus des clients discutant sur le trottoir à la sortie, que des concerts eux-mêmes.

Ces cafés constituent souvent les seules opportunités pour de nombreux musiciens de se produire dans Paris. En dehors des circuits rodés des salles qui ont les moyens de l’insonorisation, ces petits lieux contribuent à la promotion de la musique live, amateur ou pas.

Le plan bruit insiste fort justement sur l’importance de la médiation. C’est par le dialogue qu’il est possible de trouver des modus vivendi, permettant à chacun, diurne ou nocturne, de se respecter mutuellement.

Par exemple, dans le 10e, les riverains, excédés par la présence de terrasses dans la cour des petites écuries, nous avaient demandé de leur retirer l’autorisation. Or ces terrasses étaient très importantes pour les cafés et restaurants concernés et contribuaient à l’animation de cette voie, sinon un peu sinistre, voire dangereuse. La médiation organisée par la mairie du 10e a permis de trouver un horaire pour les terrasses devant être rentrées pour 23h, respectant ainsi le sommeil des riverains.

Il est rappelé le rôle que doivent jouer les mairies d’arrondissement dans cette médiation, et il est effectivement souvent naturel que ce soit les élus locaux, avec les services de la préfecture de police, qui organisent cette médiation - à la condition d’en avoir les moyens bien sûr. Les ALMS (Agents locaux de médiation sociale, sous emplois jeune) ne sont pas formés pour ce type de médiation et il paraît surprenant de faire reposer ce dispositif sur ces personnes.

Pour lutter contre le bruit, il faut savoir s’écouter. N’oublions pas que Paris vit aussi la nuit, et que les cafés concerts contribuent à faire de cette ville une capitale culturelle, à l’écoute de tous ses talents.

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